Les réhabilitations des habitations des communes minières
Notice
Les Houillères et les communes minières ont décidé de rénover 3 000 logements par an. Avec la disparition de la population minière, ce parc locatif sera disponible pour l'ensemble de la population. On va ajouter aux constructions un appendice constitué de WC, d'une salle de bains et d'un cellier. Jean de Labrouhe, responsable immobilier des Houillères explique la difficulté de réalisation des travaux en présence des occupants. Une habitante parle avec réserve du côté positif de l'opération. Henri Darras, maire de Liévin, tire le bilan des différentes expériences de rénovation.
Éclairage
Contrairement aux reportages sur la réhabilitation de corons à Bruay, la restructuration de corons à Auchel ou à Denain et Escaudin en 1971, qui présentaient des opérations de réhabilitation précises et bien localisées, celui-ci aborde la problématique de la réhabilitation des cités ouvrières de façon plus générale, en en tirant de plus une sorte de bilan, plus de 10 ans après les premières actions. Si le terme "rénovation" est utilisé tout au long du reportage, les opérations présentées sont bien des opérations de réhabilitation. En effet, pour les architectes, urbanistes, géographes, etc. la "rénovation" signifie une destruction de l'ancien pour le remplacer par du neuf et "réhabilitation" implique la conservation de l'ancien et sa mise aux normes, ce qui se produit ici.
Sur un fond d'images de cités ouvrières vraisemblablement situées sur les communes de Lens et de Liévin (le maire de Liévin est interviewé à deux reprises lors de ce reportage), le discours fait le point sur l'ampleur de la tâche puisque ce sont plus de 3 000 logements par an qui doivent être réhabilités. Contrairement aux opérations plus anciennes qui n'impliquaient que les Houillères, ces actions mises en place dans les années 1980 font intervenir d'autres acteurs et financeurs, en particulier l'État, mais aussi les collectivités locales et l'agence de l'eau, révélant, en plus du déclin des Houillères, l'importance de l'enjeu.
Cette implication des collectivités locales est également évoquée un peu plus loin, sur des images de la rue pavée Saint-Pierre à Lens, à propos de leur obligation de reprendre la VRD (Voirie Réseaux Divers) autrefois construite et gérée par les Compagnies puis par les Houillères. Ces réseaux, avec le déclin des Houillères, sont souvent en mauvais état et constituent ainsi une charge supplémentaire pour des communes déjà confrontées, avec la fin de la mine, à des bouleversements économiques et territoriaux considérables.
L'évolution de la problématique et de l'enjeu de la réhabilitation des cités ouvrières, apparue à la fin des années 1960 et au début des années 1970, est également soulignée par le changement de nature des occupants. Auparavant tous mineurs ou anciens mineurs étaient logés gratuitement, mais avec le déclin des Houillères ils se diversifient de plus en plus. Le niveau de confort, si l'on veut louer ou vendre ces logements, doit donc impérativement être amélioré. Cette sortie des cités ouvrières du giron de l'entreprise-mère comporte cependant le risque d'une personnalisation excessive (ajout d'étages, d'appendices divers, couleurs des façades et des volets inharmonieuses, clôtures variées, etc.) qui nuit à la cohérence de l'ensemble. Grâce à la maîtrise de la réhabilitation présentée dans ce reportage, cet écueil a été en grande partie évité dans le Bassin houiller du Nord-Pas-de-Calais, ce qui a constitué un atout pour son inscription sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco. Ces opérations ne sont donc pas de simples réhabilitations, mais participent à un véritable redéploiement territorial porteur d'une nouvelle image pour toute la région.
Les opérations concrètes de réhabilitation sont ensuite présentées assez rapidement contrairement aux reportages plus anciens. Elles consistent essentiellement en l'ajout d'une extension comprenant une salle de bains, des WC et un abri-remise. Elles sont effectuées en la présence des habitants ce qui, d'un côté, complique les travaux mais, de l'autre, permet une meilleure concertation. C'est ce qu'explique Jean de Labrouhe, responsable immobilier des Houillères, lors de la première interview du reportage.
La seconde moitié du reportage est construite autour d'une série d'interview en "aller-et-retour" d'habitants des cités réhabilitées et du maire de Liévin, Henri Darras. Le reportage oppose ainsi, grâce à l'interview de deux habitants et les explications d'Henri Darras, une cité mal et incomplètement traitée, car faisant partie de la première génération réhabilitée, à une cité dont la réhabilitation, plus récente, a été réussie. L'accent est finalement mis sur l'importance de la remise-abri construite dans le jardin, pouvant abriter des activités annexes et résorbant heureusement les appendices auto-construits et très décriés.